Rapport d’activité 2023-2024

Entretien avec Nicolas Notebaert

Mais comment encourager le développement de la mobilité sans aggraver la crise climatique ?

Notre plus grand challenge est en effet de concilier ce retour de la mobilité et l’impératif de préservation du climat. C’est le projet de notre génération. Depuis 2016, VINCI Concessions déploie une stratégie environnementale ambitieuse qui nous a déjà permis, sur le terrain, de préserver la biodiversité, de traiter l’eau et les déchets sur nos concessions, mais surtout de prendre un leadership reconnu en matière de réduction de nos émissions de CO2. Nous nous étions engagés à diviser nos émissions directes de CO2 par deux entre 2018 et 2030 et nous avons dépassé cet objectif dès 2023, avec 7 ans d’avance. Notre nouvelle ambition est donc de réduire de deux tiers nos émissions directes pour 2030. Nous sommes en bonne voie. Aujourd’hui, 75 % de l’électricité consommée par nos aéroports est d’origine renouvelable et 4 aéroports du réseau VINCI Airports (Toulon Hyères, Beja, Madeira et Ponta Delgada) figurent parmi les dix premiers dans le monde à avoir reçu la plus haute reconnaissance environnementale du secteur. Ce sont les premiers aéroports de notre réseau à atteindre le zéro émission nette sur leurs activités, d’autres suivront. Il n’y a qu’une seule planète. Nous exportons donc notre agenda environnemental et nos ambitions dans toutes les infrastructures de notre réseau, sans nier la singularité des besoins locaux. Opérer des aéroports au Mexique, des autoroutes au Brésil, c’est faire fonctionner des services essentiels à l’économie de ces pays.

Ces actions portent sur vos émissions directes. Qu’en est-il des émissions de scope 3, celles produites en amont et en aval de vos activités ? De quels leviers disposez-vous pour les réduire ?

C’est un travail sectoriel, coopératif. Nous donnons l’exemple sur notre périmètre mais il est aussi de notre responsabilité d’accompagner nos clients dans la lutte contre le changement climatique et dans leur trajectoire de décarbonation. En proposant des biocarburants sur nos plateformes, nous permettons aux compagnies aériennes d’anticiper l’évolution de leur flotte. En 2023, nous avons aussi signé des partenariats avec deux d’entre elles pour qu’elles bénéficient de nos programmes de reforestation. Plus globalement, nous mettons tout en œuvre pour accélérer la transition énergétique et permettre le développement rapide de filières alternatives. Nous sommes ainsi très actifs dans le secteur de la mobilité électrique. En Allemagne, nous avons remporté en 2023 un contrat pour l’implantation d’une centaine de bornes de recharge pour véhicules électriques, qui va contribuer aux objectifs fixés par les pouvoirs publics. Dans les aéroports de Lisbonne et de Londres Gatwick, nous avons déployé des stations de recharge pour véhicules électriques. Au Japon, l’aéroport d’Osaka Itami devient l’aéroport japonais doté du plus grand parking pour voitures électriques du pays. Nous sommes aussi partie prenante de la mobilité hydrogène, à la fois à travers des partenariats stratégiques avec des acteurs clés comme Airbus et Air Liquide, au sein du fonds d’investissement Hy24, et très concrètement, sur le terrain, avec des expérimentations pilotes sur la plateforme de Lyon-Saint Exupéry.

Quelle est la place de l’innovation dans votre vision de la mobilité positive ?

Elle a toujours été centrale pour VINCI Concessions puisqu’elle est clé pour trouver le meilleur équilibre entre les intérêts de nos clients et notre ambition, qui est d’améliorer constamment le service rendu. Innover, c’est aller plus loin, au-delà des obligations que nous impose le cahier des charges de nos contrats de concession. Nous avons choisi de concentrer nos efforts sur trois champs d’innovation qui sont communs à l’ensemble de nos infrastructures. Le premier, c’est la fluidité des points de passage, et à cet égard, le lancement en 2023 de notre filiale ViaPlus, spécialisée dans les services de péage en flux libre, vient renforcer notre leadership technologique. Le second, l’efficacité opérationnelle. Le numérique permet des progrès considérables dans ce domaine, grâce à l’internet des objets (loT) ou aux jumeaux numériques. Enfin, le troisième champ c’est celui de l’expérience client avec, par exemple, l’expérimentation à Lisbonne et à Lyon-Saint Exupéry de la biométrie pour fluidifier le parcours des passagers au sein de ces deux aéroports.